Le Cambodge à moto
- Jaafar
- 25 mai 2022
- 7 min de lecture
Nous voici arrivés au Cambodge, véritable pays du sourire.
Nous avons découvert tout au long de notre périple des paysages vraiment variés et nous gardons dans notre cœur : le partage, les rires, les sourires, la bonté, l’honnêteté, la vie simple et authentique qui caractérisent le peuple cambodgien.

Nous avons été vraiment touchés de voir les conditions de vie de la majeure partie du pays. Des baraques en bois en guise de maison, du riz à chaque repas, les enfants pieds nus, pas d’électricité partout, l’impossibilité pour beaucoup d’accéder à l’école… mais quand on se questionne sur ce qu’est le bonheur au Cambodge, je pense que c’est d’être en famille et de voir grandir les enfants.

Chaque échange, aussi furtif soit-il, est fait dans la gentillesse. De vrais sourires en permanence : tout au long du séjour, les habitants nous saluaient, nous faisaient coucou, nous disaient un mot. Personne n’a manqué d’honnêteté, même lorsqu’on se trompait dans les transactions du dollar en riel (faut être balèze en maths ! Jaafar si tu passes par là, Bravo!), ils partagent leurs repas quand tu es de passage (soupe d’oreilles de porc à 8h du matin dans les montagnes, mais nous avons petit déjeuné). Les khmères sont l’incarnation de l’humanité que j’imagine dans l’idéal. J’aimerais d’ailleurs avec un plaisir immense inviter tous les aigris de la terre à passer quelques jours là-bas, cela changerait le monde.

Nous avons eu la chance de rencontrer une famille khmère de Siem Reap : Adeline, Samouth et leur fils Valentin, qui nous ont mis le pied à l’étrier pour découvrir le Cambodge de façon authentique et locale. Tous les deux sont guides touristiques, et Adeline est professeure de français à l’Alliance française. Ils possèdent un tricycle pour se déplacer et adorent faire découvrir leur ville et son patrimoine, parfait pour partager tout cela ensemble.
Nous avons donc eu le bonheur de visiter les temples d’Angkor, le privilège d’être invités à une cérémonie traditionnelle khmère, de partager des plats typiques, de rencontrer leurs familles et passer des soirées comme des habitants de la ville. Un grand merci à tous les trois, vous nous avez offert un joli regard sur le Cambodge.
Pour faciliter nos déplacements, il était impératif de trouver une moto. Pas très compliqué, tu as le choix entre des Honda Dream ou… des Honda Dream. Le choix sur ce plan a été plutôt simple. En effet, sur 500 motos, 498 sont des Honda Dream. Ce qui facilitait l’achat, les réparations, la revente. Nous voilà partis en quête d’une Honda pour réaliser notre rêve : trouver les revendeurs, les particuliers, visiter, comparer les prix, l’état, les pièces… un vrai parcours du combattant de la moto, rondement mené par notre bikeur en chef : Jaafar. C’est avec un bon lot de chance, de belles rencontres et le grand saut effectué, que nous avons notre moto pour traverser les 7000 kms prévus.

Dernier point à finaliser : keskonfé de nos backpacks. Et oui, parce que seul tu le ficelles à l’arrière de la moto mais à deux il va falloir réfléchir. Encore une fois, l’ingénieur en chef a eu des idées lumineuses, et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés le lendemain accroupis dans un atelier de ferronnerie à créer des portes bagages. Quelques coups de vis, cisailles, chaudron, marteau plus tard, nous sommes fin prêts ! Le modèle de porte sac de voyage peut être breveté, tout le monde s’est éclaté, et une fois le chargement installé, en route !!!!! Sillonner Battambang, les Cardamomes, jusque dans le sud à Koh Rong Samloem fut un périple absolu, mais tout s’est merveilleusement bien passé, Ô miracle : sans panne, sans accident.

Les "+" :
Tu es seul au monde, nous avons pu vivre des jours entiers sans croiser personne à part des locaux, très heureux de nous voir, de nous toucher et de nous photographier. (La peau blanche et les yeux bleus leur plaisent beaucoup alors j’étais une star plus que Jaafar). Traverser les Cardamomes est véritablement une expérience. C’est beau. Prendre le temps d’avancer au fur et à mesure des jours, te fait te sentir libre. Les khmères rigolaient beaucoup de nous voir avec nos sacs sur la moto.

Les "-" :
On a maaaal aux fesses 6h sur une Honda Dream, on vous le jure ! C’était parfois un peu long et périlleux, nous avons passé bon nombre de temps sur des pistes, sans route plate, avec des trous immenses tous les mètres, des bosses, des ravins, des cailloux, de la poussière. Il faisait quand même très chaud (presque 40 degrés) et à conduire cela devait quand même être éprouvant quoiqu’en dise Jaafar. La concentration est au max, mais lui s’est éclaté. En tant que motard, c’était Disneyland. On regrette de ne pas avoir pu randonner comme prévu, mais après 6h de moto pour parcourir seulement 100 kms, en arrivant, tu n’as pas la force d’aller randonner.

Par ailleurs, les routes en ville sont vraiment dangereuses, j’ai cru mourir plus d’une fois… Imaginez : sur deux voies, deux camions peuvent dépasser deux autres camions, qui peuvent être dépassés par des pickups, pouvant être dépassés par des mini vans. Autant dire qu’à moto, tu as deux choix : rouler dans les cailloux sur la bande d’arrêt d’urgence en risquant l’écrasement ou, prendre la cadence et toi aussi rouler et dépasser. Nous avons survécu, merci le ciel et le permis moto de Jaafar. Je suis pressée d’être vieille et de raconter qu’« on était rouges de poussière tellement il y en avait, et on roulait sous un soleil de plomb, mais qu’est-ce que c’était beau !».

Notre périple s’est poursuivi du côté de Battambang. Nous avons pris notre premier cours de cuisine. Au menu du jour : Amok de poisson, Spring rolls, Loklak de bœuf, et dessert au tapioca et à la coco fraîche. Avant le cours, nous avons sillonné les ruelles d'un marché et découvert des folies ! Tout ce qui est évoqué ici se trouve dans ce marché alimentaire, donc quand je dis « des tortues », cela inclut qu’elles sont préparées pour être dégustées. Nous avons acheté de la menthe, de la coco, des fruits et des graines. On a vu des serpents dépecés et d’autres vivants, des chiens en cage, des cervelles, mais aussi des grenouilles, des gros crapauds, des vers, des cochons et autres poissons entiers, des anguilles : incroyable ! On s’est accroché, mais tu es tellement dans la découverte que tu oublies presque les odeurs et les tongs qui traînent dans le jus de… joker !
Nous avons également visité la grotte aux chauves-souris. À 18h05 des millions de millions de chauves-souris, quittent les grottes pour aller chasser, formant une traînée noire tel un tunnel, c’est à couper le souffle. En visitant les petits villages alentours, nous avons aussi découvert la fabrication artisanale des galettes de riz mais aussi les constructions des maisons en bois typiquement khmères. De belles rencontres et des partages.
Après la traversée des Cardamomes, nous arrivons sur l’île de Koh Kong, où deux hôtes Thibault et Maria nous ont accueillis dans leur bungalow sur la plage. Nous avons beaucoup aimé ralentir quelques jours après ce périple à moto. Nous en avions besoin. Ce petit bout de terre est bordé par les mangroves que nous avons pu traverser, ces arbres aux racines suspendues que l’on trouve typiquement en Asie du Sud donnent une atmosphère d’aventure à toutes les balades.
Un petit village flottant de pêcheurs nous accueille également le temps d’une promenade. Les grand-mères démêlent les filets, les papas boivent de l’alcool de riz en jouant aux cartes, et les mamans travaillent en triant le poisson. Très surprenant de voir comme l’humain s’adapte à son environnement. Ici, on ne perche pas les ballons dans les arbres, ils tombent dans l’eau, et les enfants vont les récupérer en barque, à 3 ans.

Nous avons aussi découvert notre première cascade ! Évènement, car en tour du monde, c’est le deuxième truc le plus vu après les couchers de soleil. Moi j’adore ! Se baigner, découvrir le flux continue de l’eau, voir les gens s’amuser, voir ce que la nature offre. Les cascades, c’est la vie qui ne s’arrête jamais.
Notre arrivée à Kampot était prévue pendant le nouvel an khmère, grand moment tant attendu car aucune fête n’a pu être célébrée depuis plus de 2 ans. Alors cette année, ils ont envoyé le paquet. Au programme : batailles d’eau et de talc géante dans toute la ville. Des bébés aux grand-mères ! Tout le monde s’en donnait à cœur joie. Equipés de nos supers pistolets à eau Totally Spies et Spiderman, nous sommes entrés dans la danse. Nous avons passé la meilleure soirée possible, à s’arroser, tout le monde nous tartinait de talc et nous balançait des seaux d’eau depuis les pick-ups. C’est trempé, mais heureux que nous avons célébré le nouvel an pendant 3 jours.
Kampot est également la capitale du poivre ! Marque déposée et protégée, et on comprend pourquoi. Nous avons visité « La Plantation » qui cultive ce poivre de manière éthique et biologique. Jardinière en herbe et fin gourmet que je suis, j’étais aux anges. L’occasion de découvrir le mode de culture, les autres variétés, la transformation, les recettes… on recommande cette jolie visite.

Bokor, c’est un lieu perché tout en haut des montagnes, dans les nuages et la brume. Au milieu de rien, une église abandonnée et un casino arrêté. Une expérience vraiment dingue d'urbex, pour découvrir ces lieux qui, un jour, ont été animés. Ils ont été construits par les français du Cambodge pour échapper à la chaleur pendant la période coloniale, mais depuis, plus personne. Que des curieux qui s’aventurent à monter à pied, là où le temps s’est arrêté.
À quelques kilomètres de Kampot se situe Kep, petite ville de bord de mer. On y a gouté la spécialité locale, bien sûr, le crabe de Kep au poivre de Kampot. Je l’ai choisi cuisiné (et donc décortiqué), bouh pour la vendéenne que je suis. Délicieux, mais si je devais le refaire, je demanderais à Jaafar de le décortiquer pour moi (ahaha) pour avoir la véritable saveur classique qui doit largement se suffire à elle-même. Très fin, très authentique et très bon, on comprend pourquoi ce mets est réputé.

Notre séjour d’un mois s’achève. Cette diversité de plaines, montagnes, mer, ville nous a beaucoup plu. Et nous quittons le Cambodge avec le cœur rempli de tous ces instants, en gardant pour la vie un souvenir magnifique de notre passage parmi les khmères.

Hortense
Magnifique ! merci pour ce récit ! j'ai bien envie de partir là maintenant au Cambodge ! A Issy, c'est la fête foraine sur l'Ile St Germain. Emma s'éclate ! Chenille, balançoires, montagne russes, auto tamponneuses, grapin... elle a envie de tout faire. Aujourd'hui, il y avait la parade des supers héros. Pour l'occasion, elle avait mis son costume de Belle. Nous avons la chance d'avoir une petite fille qui voit le bon côté dans chaque chose et qui va de l'avant. Il faudra qu'elle garde cette philosophie dans les mois à venir car elle devra bientôt naviguer entre son père et sa mère, un divorce n'est jamais très simple... la vie continue, en avant !